"Dessalines, un personnage en avance de son temps" | VELLO MONTAS

« L’homme de génie, est un météore destiné à bruler pour éclairer son temps ». Napoléon Bonaparte Dans un moment incertain, paradoxal pour plus d’un, merveilleux pour bien d’autre, l’ordre mondial esclavagiste fut tombé mystérieusement, en plein essor de son émergence. Haïti, Dessalines, voici en qui et par qui est venu ce mystère. Delà, vient la problématique, sur comment accepter et comprendre qu’un petit pays noir, un nègre a su briser cet ordre mondial de l’époque sur toutes les lignes ? Jean Jacques Dessalines, a rendu effectif ce que les lumières préconisaient et que les français et américains des États-Unis ont tenté de matérialiser en partie à travers leurs révolutions. L’histoire du monde occidental, fut dominée au XVIIIème par la pensée des lumières. Si bien dit et accepté, on le dénomme le siècle des lumières. Elle est marquée par la rationalisation des idées, et aussi la remise en question de l’ordre socio-politique, la religion et la politique. Lumière, parce qu’on pense bien qu’il y avait une période d’ombre et d’ignorance qui s’émergeait, qu’il faudrait illuminer par la science, la raison, et surtout le respect de l’humain. Loin de tout ça, l’ordre mondial de l’époque, fut dominé par les puissances coloniales. Il est caractérisé par le système esclavagiste en général, et surtout la conception raciale de l’esclave à savoir le nègre. Malgré l’émergence et la propagation des pensés des lumières, sa caractéristique normative restait et persistait. Le 18 mai 1803, au congrès de l’arcahaie, l’ancien esclave rebelle, a pris la commande de l’armée indigène. Le général en chef de l’armée, mène de sombre combat pour donner la première défaite de l’histoire à la plus puissante armée de l’époque, l’armée napoléonienne. C’était automatiquement, l’indépendance haïtienne, dont la plus prospère de toute les colonies de l’atlantique. Le pays redevient sous l’ordre d’un brigand, un negre, Haïti. L’exceptionnalité de l’événement 1804, a fait de son leader une figure emblématique du monde, parce qu’il a changé le coup de l’histoire. Cette dernière considère que le negre était synonyme d’esclave, et la colonisation est de fait une norme pour l’exploiter. Ce qui voudrait dire que le negre est inférieur au blanc, il ne peut pas être libre. Bref, Dessalines à travers la révolution, a tout chambardé. Le negre devient libre, égal au blanc. Delà, il rend effectif les notions prônées par les lumières. Dans le vocabulaire des lumières, le chef d’état, l’empereur Jacques Ier a fait devenir une réalité, ce que les blancs (français et américains des Etats-Unis) n’arrivent pas à faire. Ce qui pourrait être le plus idéaliste que possible, la mise en œuvre de ces vocables : « droits inaliénables, poursuites du bonheur, résistance à l’oppression ». En somme, la question des droits de l’homme que les deux révolutions précédentes (française et américaine) n’ont pas mis en place. Comparativement aux révolutionnaires français et américains, la réalisation du premier homme du nouveau monde est beaucoup plus large en conception et plus humaine dans ses fins. Il a déclaré libres et égaux en droit à tous ceux qui sont sur la terre d’Haïti, en fait, la véritable anomalie qui brise le mythe des différences raciales. A un moment ou l’esclavage était humainement et légalement accepté, le droit à la liberté pour tous était racial, Dessalines a renversé systématiquement cet ordre en actes, en faisant de la liberté et l’égalité humaine une réalité pour toutes les races humaines. La vision éclairée et universelle de Dessalines, est prouvée dans ses actes et ses discours, ainsi sa perspective de panaméricanisme qu’il avait, sonne le glas de « j’ai vengé l’Amérique ». Voulant que sa voix, sa philosophie répande sur le monde en général et la région en particulier, il a dit : «… répand dans tous les pays ou le sort des indigènes ne fut pas meilleur au notre, son écho se répercuta puissant, sonore, lugubre, dans la jungle, dans les plaines, sur les montagnes, dans les pampas des pays du sud-américain, sous l’étreinte insupportable des bottes despotiques d’un ennemi commun ». De plus, il se fait le nouveau messie de l’esclavage en disant : « mon nom est devenu en horreur a tous les peuples, qui veulent l’esclavage et que les tyrans ne le prononcent qu’en maudissant le jour qui m’a vu naitre ». Et, en adressant aux martiniquais, il relate ; « infortunez martiniquais ! Malgré l’obstacle qui nous sépare, j’espère qu’une étincelle du feu qui nous embrase, jaillira dans votre âme, peut-être, au bruit de cette commotion, réveillée en sursaut de votre léthargie, revendiquerez-vous les armes à la main, vos droits sacrés et imprescriptibles. La démarche de Dessalines est trop pratique, et peut être trop universelle pour contrecarrer son temps. Il est l’inspiration de toute une mouvance régionale dans sa période, du monde pour toutes luttes démocratiques et populaires qui mettent en relief les droits humains à travers les préceptes d’égalités et libertés pour tous. En avance de son siècle, par son exceptionnalité et aux normes établissent par les puissances d’alors, Dessalines était le plus arrogant et scandaleux aux yeux de presque tous. Une tendance qui reste et continue de faire son petit bonhomme de chemin. Tout ce, s’inscrit dans le cadre d’une politique d’amnésie d’une part et d’ostracisme et de dénigrement de ce patrimoine mondial. Il est banni et humilié dans l’histoire universelle. Un péché, une ignorance, un refus d’accepter sa représentation dans l’histoire de l’humanité ? Toutes les questions sont beaucoup plus sensées que les réponses. Cependant, l’interprétation serait qu’effectivement, Dessalines a réalisé une chose qui était non conforme au moment de sa réalisation par sa légalité. On pourrait toutefois comprendre qu’il était « en avance de phase » par rapport à son temps, même plus de quelques siècles. Puisque, jusqu’aujourd’hui, il n’y a non seulement pas des philosophes qui questionnent sa grandeur d’âme, sa vision du monde, et son apport à l’évolution de l’humanité. Mais aussi, au fond de la société haïtienne, son nom reste une injure pour certain, un brigand, un illettré, un sauvage. Bref, la révolution haïtienne se fait en plein essor du système esclavagiste. Elle chevauche avec la matérialisation des idées des philosophes lumières. Encrées dans l’inégalité des races, et la caractérisation de la liberté, les puissances coloniales, n’ont pas su matérialiser les questions relatives aux droits de l’homme. Cependant, l’ancien esclave negre, a systématiquement changé la donne en appliquant avec virilité, dextérité les théories des lumières. Ce qui fait de lui, l’homme qui a changé le monde de son temps, et il se fait du père authentique de la Révolution des Droits de la personne humaine. Ces actes, restent et demeurent une parodie, la pire anomalie, le mythe de l’histoire occidentale. Il va au-delà de son temps, que leur contemporain, et même aujourd’hui n’arrivent pas croire et admettre. Bien comme Socrate, Karl Marx et jésus Christ, Dessalines était et est surpassé son siècle et son temps, qui n’arrive pas à le comprendre et l’accepter jusqu’à date.