"Les rôles des chrétiens face à la propreté des villes"
- Jeffney FERDIN, M. Ed, M.DIV
- 16 oct. 2016
- 5 min de lecture

Autrefois connue comme « la perle des Antilles », Haïti est aujourd’hui qualifiée de « la poubelle des Antilles. » Cette appellation est parfois justifiée par le manque de propreté se trouvant dans tous les recoins du pays. Malheureusement, ce manque de propreté constant se trouve même dans les quartiers chrétiens. On pourrait même conclure que le manque de propreté est dû principalement à cause des chrétiens, puisque selon les professeurs Dr. Jules Casseus et Dr. Charles Poisset Romain, Haïti est composée de 50% protestants et 40% catholiques, donc 90% chrétiens. Nous autres, les chrétiens, étant des citoyens modèles, ne devrions pas être de gens encourageant le placement des ordures dans les rues, mais devrions être, de préférence, les avant-gardes dans la lutte pour la propreté des villes. Compte tenu de notre part dans l’état des rues, nous sommes tenus à nous interroger sur ce que nous pouvons faire pour contribuer à la propreté des villes et à la gestion des ordures qui menacent la dignité de nos confrères vivant dans la société. Comme c’est constaté partout, la situation des villes sur le plan salutaire est atroce. Les montagnes d’ordures sont un spectacle quotidien. Nos rues sont très sales. Nos quartiers et nos maisons ne sont pas meilleurs. Ces amas sont trouvés au bord des rues, dans les maisons non achevées, dans la cour des gens et même sur les places publiques. Pire encore, il y a une myriade de gens parmi nous qui vivotent sans problème sur les ordures. Cela est dû au fait que tout le monde, généralement, sur ce coin de la terre, se sent à l’aise de jeter leurs ordures et même leurs déchets dans le salon du peuple. Ils mangent un bonbon et jettent le sachet par terre. Ils boivent un jus et jettent le récipient ou la bouteille par terre. Ils boivent de l’eau et jettent le sachet par terre ! L’insouciance envers la salubrité est devenue une habitude chez eux. Globalement, nous, les haïtiens, ne sommes plus honteux de l’état salutaire de nos villes. L’état n’a pas honte non plus. Il ne se soucie plus de cela. Les mairies ne font pas grand-chose pour nettoyer les villes. Elles sont trop occupées à faire autres choses ! La presse aussi n’a pas honte. Elle se tait sur ce sujet. Pourquoi ? N’est-elle pas concernée par ce fléau qui nous menace ? Ou peut-être elle ne considère pas la question de la saleté des villes comme étant une menace. Finalement, les chrétiens, les gens qui devraient se soucier lorsque tout le monde prétend ne pas voir, détournent les yeux. Mais, nous, les chrétiens, ne devrions-nous pas être la lumière et le sel du monde ? Ce sel, ne devrait-il pas contribuer à donner du gout à la société en prenant part dans la gestion des ordures qui rongent ma ville, votre ville, notre ville ! Malheureusement, sur la question de la propreté des villes, nous, les disciples de Christ, tenons généralement un discours angélique. Nous prônons toujours que nous ne sommes pas de ce monde. Nous essayons lamentablement à faire croire que ce n’est pas notre rôle dans la société. Notre rôle, répétons-nous, c’est d’être des modèles. Comme modèles, nous voulons à tout prix ramener le pays à la moralité qui nous caractérise. Nous voulons être des citoyens moraux, des citoyens qui montrent notre amour pour les autres, des citoyens qui protègent les autres. Mais, comme nous ne sommes pas de ce monde, nous n’avons pas à contribuer à garder les villes propres…. Il est clair que cet argument ne tienne pas. C’est une contradiction biblico-théologique de conclure que n’être pas de ce monde signifie abandonner les villes à la malpropreté, encourager la saleté (encouragement par le silence), et contribuer à la souillure de la ville. Cela ne devrait pas être notre perspective sur la problématique, car nous autres chrétiens sommes appelés à contribuer à la bonification de la cité. La Bible nous enseigne comment nous devons, étant que le peuple de Dieu, traiter la cité. Dans Jérémie 29 : 7, Dieu a conseillé le peuple Israelites vivant en captivité à Babylone ainsi: « Recherchez le bien de la ville où je vous ai menés en captivité, et priez l’Eternel en sa faveur, parce que votre bonheur dépend du sien. » Les Israelites, étant trainés à Babylone contre leur gré, auraient pu croire que la meilleure position était de s’abstenir de la gestion de la ville. Par mauvaise foi, ils auraient même pu penser que le fait de contribuer au malheur de la ville serait meilleur. Mais l’Eternel, dans son omniscience, leur a révélés que prendre soin de la ville où ils se trouvaient était meilleur. Dorénavant, les Israelites avaient un devoir envers la cité : le devoir de prendre soin de la cité, « car leur bonheur dépendait du bonheur de Babylone. » De la même manière, le bonheur de chaque chrétien dépend du bonheur de la ville. Puisque la saleté de la ville nous affecte de même que cela affecte les mécréants, nous avons un rôle très particulier à jouer dans la propreté des villes. Les rôles que nous avons à jouer dans la propreté des villes sont théoriques et pratiques. Sur le plan théorique, nous pouvons enseigner aux haïtiens l’importance de garder la cité propre et comment la garder propre. Dans les écoles chrétiennes, cela doit faire partie du curriculum. Sur les podiums des églises, nos pasteurs et nos prédicateurs doivent claironner l’importance de garder la cité propre. Dans les réunions avec les membres de l’Eglise aussi, nous devons toujours enseigner comment et pourquoi garder la cité propre. Finalement, chez nous, nous devons grandir nos enfants avec l’obligation de toujours contribuer à la propreté de la cité. Sur le plan pratique, nous devons être des modèles de la propreté. Lorsqu’un chrétien jette un sachet dans la rue, il contribue à la dégradation de la cité, mais lorsqu’il le garde afin de s’en débarrasser chez lui, il donne un exemple positif à beaucoup d’autres. Nous pouvons aussi créer des associations à but non lucratif afin de contribuer au nettoyage de la cité. En plus, nous pouvons sortir de temps en temps pour nettoyer les rues et encourager les gens à faire pareil. Finalement, nous autres chrétiens, nous pouvons amener nos assemblées dans les rues afin de les débarrasser des ordures dégoûtantes. Ainsi, nous ferons preuves d’être des gens travaillant pour une société meilleure. La généralisation de la propreté dans nos villes doit être un souci constant des chrétiens. Nous, les chrétiens, devons savoir que Dieu souhaite que nous luttions pour la bonification de notre société afin que nous puissions aussi vivre une vie meilleure. Nous devons savoir aussi que bien que nous ne sommes pas de ce monde, bien que nous sommes appelés hors de ce monde, nous sommes toutefois renvoyés dans le monde pour le rendre meilleur et pour contribuer au shalom de Dieu qui doit toucher tout le monde. C’est en aidant les autres, en tenant notre environnement propre, en nettoyant pour ceux qui ne peuvent nettoyer pour eux-mêmes que nous montrerons aux mécréants la grandeur de l’Eternel.
Que le Seigneur vous bénisse !
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